Religion/spiritualité et santé: des liens favorables?

Religion/spiritualité et santé: des liens favorables?

Avoir une vie spirituelle, une religion, apporte t’il des bienfaits pour la santé ? Cette question est aujourd’hui le thème de nombreuses études médicales.

Sport de haut niveau, santé mentale et religion

A quoi sert la spiritualité, ou une pratique religieuse? Y a t’il un atout caché? Que montrent certaines études ? Y a t’il un cloisonnement entre santé et religion/spiritualité? Nous ouvrons le débat autour de la problématique de la santé mentale des sportifs de haut niveau.

Prenons comme exemple le monde hyperconcurrentiel du tennis. Ces dernières années, une des problématiques majeures a été la santé mentale des joueurs. L’exemple de Naomi Osaka est révélateur : https://www.slate.fr/story/210023/naomi-osaka-forfait-roland-garros-sante-mentale-sportifs-tabou . Un Français, Lucas Pouille, a pu également rappeler l’importance de cette question, et explique avoir sombré dans la dépression et l’alcool.

La question de la santé mentale touche donc bien toutes les parties de la société, des plus démunis aux plus grandes stars.

Est-ce que la religion/spiritualité apporte une solution? Notons par exemple que certains des plus grands footballeurs sont croyants: Maradona, Christiano Ronaldo, Messi, Mohammed Salah, Neymar, Zlatan Ibrahimovic … Certaines équipes en Italie ont « un passage obligé des joueurs à l’église ». Paul Dietschy décrit le football comme une caisse de résonance de la religion, il existe une « équipe-type des chrétiens en Ligue 1 » …

Une des premières personnes à avoir étudié le lien entre la santé mentale et la pratique religieuse est le Dr Alfa Mandhouj (https://theses.hal.science/tel-01166330) dans « La place de la spiritualité dans la prise en charge des maladies mentales et des addictions » (Hôpital Paul Brousse, Université Pierre et Marie Curie; Dr Mandhouj est Psychiatre).

Nous n’aborderons pas la thèse du Dr Mandhouj ici, mais, si cela vous intéresse, vous pouvez visionner (chez vous) sa conférence (« Bienfaits et méfaits de la religion sur la santé mentale. (Dr. Olfa Mandhouj) ; Médecine et spiritualité).

Définitions dans le cadre de recherche médicale

Religion: ensemble déterminé de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec le sacré. C’est un ensemble de pratiques et de rites spécifiques propres à chacune de ses croyances. Trois principales caractéristiques définissent la religion: des croyances, des pratiques religieuses et des sentiments religieux.

Spiritualité: ce qui est dégagé de toute matérialité. Croyances et pratiques qui concernent la vie de l’âme, de l’esprit, la découverte du transcendant, la vie spirituelle.

Coping (« To cope »): faire face à une difficulté

Coping positif: si les résultats sont positifs (parvenir à gérer son anxiété, sa déception)

Coping négatif: si les résultats sont négatifs (refus d’un traitement, spirale négative, etc)

Najah, A. , Farooq, A. and Rejeb, R. (2017) Role of Religious Beliefs and Practices on the Mental Health of Athletes with Anterior Cruciate Ligament Injury. Advances in Physical Education

Lien: Role of Religious Beliefs and Practices on the Mental Health of Athletes with Anterior Cruciate Ligament Injury

Les auteurs de cet article ont étudié cinquante athlètes professionnels devant faire fâce à des blessures ligamentaires avant leur opération. Les effets des pratiques religieuses et spirituelles ont été analysés sur le résultat psychologique et émotionnel des athlètes. Les participants ont été classé en 4 catégories: haute ou faible croyance religieuse, ou pratiquant intensif ou faible de prière/méditation. Les résultats de cette étude suggèrent que la croyance ou la pratique d’une religion/spiritualité joue un rôle central dans les processus de reconstruction des stratégies pour faite face à la dépression, l’anxiété et le stress

Le modèle explicatif est présenté ainsi:

  • les croyances spirituelles donnent un sens aux évènements de la vie, aux difficultés, et promeut l’espoir et la motivation;
  • les institutions religieuses jouent un rôle de contrôle social (encourageant certains comportements);
  • les pratiques spirituelles (méditations, prières, louanges) produisent des émotions positives, réduisant le stress et sont sources de plaisir;
  • la communauté religieuse agit comme soutien de ses membres, même des plus démunis.

Article de synthèse : Kornreich et Aubin, Revue Médicale de Bruxelle, 2012: Religion et fonctionnement du cerveau (partie 2) : les religions jouent-elles un rôle favorable sur la santé mentale ?

L’article de synthèse de Kornreich et Aubin (2012) met en évidence:

  • l’existence d’une « corrélation entre des niveaux d’engagement religieux plus élevés et d’une part des indicateurs de bien-être psychologique (satisfaction de vie, bonheur, affects positifs et moral plus élevé) et d’autre part avec moins de dépression, de pensées et de comportements suicidaires et d’abus de substance « ;
  • en ce qui concerne l’abus de substance (alcool, drogues dures), « la religiosité (…) est associée à un meilleur pronostic« : les patients fréquentant des associations basées sur des dimensions spirituelles parviennent à suivre plus longtemps leur traitement, s’abstiennent de consommer des substances ;
  • la religiosité « semble un facteur de protection face à la dépression« ; Bramm et al. ont « mis en évidence un lien entre moins de dépression et plus de pratique religieuse chez les Européens âgés« ; les auteurs présentent une étude taïwanaise montrant que « le fait d’aller peu aux offices religieux représentait un facteur de risque indépendant pour la dépression« ; (…) « Koenig et al. ont montré que la motivation religieuse intrinsèque était associée à une rémission plus rapide de la dépression, indépendamment du statut fonctionnel, du support social et de l’histoire familiale psychiatrique. »

L’influence de la religiosité sur la santé poursuit plusieurs mécanismes selon Kornreich et Aubin (2012):

  • la religion modifie les comportements et peut théoriquement avoir un impact de réduction de stress chronique de la compétition sociale:
    • modération ou abstinence à l’alcool;
    • une opposition à l’individualisme, qui réduit le comportement de compétition outrancière;
    • une importance donnée au pardon et à l’acceptation.
  • la religiosité agit comme un support social; or, l' »appartenance à une communauté et l’affiliation sont fondamentales pour la bonne santé mentale chez l’être humain, qui depuis ses origines dépend de la coopération pour sa survie. Le support social favorise l’adhérence à des programmes de traitement, offre de l’aide en cas de stress, de souffrance et de chagrin et diminue l’impact de l’anxiété« ;
  • « Les croyances religieuses peuvent fournir du sens et un but dans des circonstances de vie difficiles, ce qui peut offrir un sens indirect de contrôle sur celles-ci et une impression de prédictabilité . L’impression de contrôle est un mécanisme favorable d’adaptation au stress bien connu . Très logiquement, l’effet positif de la religiosité sur le stress ne se retrouve pas chez les personnes pour qui la religion est imposée et n’est pas le fruit d’une réflexion personnelle »
  • la religion et ses cultes propose des rituels et de la méditation (« prière ») qui peut réduire l’anxiété: « Les pratiques de yoga, de zen et de méditation sont par ailleurs corrélées à des taux plus faibles d’hormones de stress et de cholestérol« .

Religion/spiritualité et soins

L’article de Gaillard et Shaha (2013: « La place de la spiritualité dans les soins infirmiers: une revue de littérature) (https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2013-4-page-19.htm) propose

« un état des connaissances sur la spiritualité et sa place dans l’expérience du cancer. Il a pour but de refléter les enjeux au sujet de la spiritualité dans les soins infirmiers et de mettre en perspective les orientations futures. La revue de littérature a été réalisée dans les principales bases de données ; 36 articles publiés entre 2008 et 2013 ont été sélectionnés. Les thématiques abordées couvrent la définition de la spiritualité, le soin spirituel ainsi que le bien-être spirituel. La spiritualité se distingue de la religion sans s’y opposer. Dans une société marquée par la multiculturalité et la laïcisation, elle prend différentes formes. Le cancer incite à des questionnements existentiels et affecte la qualité de vie des personnes atteintes. Le bien-être spirituel est reconnu comme un indicateur de la qualité de vie en oncologie. Ainsi les soignants qui se préoccupent des besoins et du bien-être spirituels des patients doivent envisager des interventions pour y répondre.« 

Et… « L’inexplicable » existe toujours

Que serait la religion sans ses « miracles »? Je vous invite à lire une anecdote assez récente s’étant déroulé au Portugal, et relaté sur le site internet « Ca m’interresse« :

https://www.caminteresse.fr/societe/une-femme-aurait-retrouve-la-vue-lors-dune-priere-combien-y-a-t-il-eu-de-miracles-religieux-11189711/