Dieu(x)

Dieu(x)

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Dieu. Qui est-il? Peut-on le « réduire » autour de termes génériques tels que « Le Père Eternel, le Tout-Puissant, le Créateur de toute choses »? Ou bien est-ce une parole, un chemin, la vérité, la vie qui guide le croyant ? Qu’est-ce que Dieu? Comment approcher la notion de Dieu? Pourquoi différents noms dans la Bible, ou dans le Coran? Ces questions peuvent prendre des années de réflexions !! Nous tenterons d’y voir plus clair ensemble.

La traduction française de « World Scripture, A comparative Anthology of sacred Texts » (Editions Paragon House, New York, USA, 1991), éditée par Andrew Wilson (Textes Sacrés du Monde) présente (page 5) le concept de « Réalité Ultime » en ces termes:

« Cette Réalité est à la fois connaissable et mystérieuse, transcendante et immanente, immuable et passionnée. Il, ou Elle, peut être rencontré(e) comme un Dieu personnel et plein d’amour, comme un Être impersonnel, ou comme la Vérité qui n’est ni être ni non-être. C’est une Unité, mais qui Se manifeste de multiples manières différentes. Dans de nombreuses religions, on lui attribue la création de l’univers.« 

Approcher Dieu par les arts. Le Dieu qui punit, le Dieu qui sauve. L’approche de la perfection. De la contemplation à l’émotion la plus profonde.

Introduction: immanence, transcendance, immuabilité

Le concept de Dieu chez certains croyants est lié au principe d’immanence.

Définition d’ « immanence » pour le CNRTL: « Présence par mode d’intériorité » puis « Présence de Dieu dans l’intériorité de la conscience humaine« . « L’immanence divine est telle que l’homme prend conscience de l’action de Dieu sur lui« .

Cette immanence peut inviter le croyant à une certaine attention, attitude, à une relation avec le divin. L’art, de part la quête d’une certaine perfection, peut permettre aux artistes de dévoiler cette présence forme de présence de Dieu.

Le concept de Dieu est également lié à une forme de transcendance.

Définition de « transcendance » selon le CNRTL: « Indépendance parfaite de Dieu par rapport au monde créé. » et « Caractère de ce qui est transcendant, de ce qui se situe au-delà d’un domaine pris comme référence, de ce qui est au-dessus et d’une autre nature ».

Souvent, les religions présentent le caractère immuable de Dieu.

Définition d’ « immuabilité » selon le CNRTL: « Caractère de ce qui, par nature, demeure identique et ne peut éprouver de changement. »

Dieu comme juge inique, le Dieu qui punit. Principe de peur et de crainte

Le Juge Inique

Certains artistes souhaitent promouvoir l’idée d’un Dieu sévère, vengeur, comme ce « graph » rue Presbytère (Saint-Pierre):

Graph de Ran + Danrond Rue du Presbytère

Nous découvrons l’image d’un Dieu prenant la forme du « père/ juge qui punit ». Nous notons le regard sombre et malveillant, la posture faisant penser à celle d’un juge, la grande taille du Dieu qui cherche à « s’imposer ». La présence du bras qui tient la foudre semble être empruntée à l’image du dieu grec Zeus. La punition qu’il promet est aussi dure que « la roche ».

Critique de la notion de Dieu comme juge inique

Dieu, sous l’apparence d’un vieil homme, sur son nuage, et qui punit tel un juge inique (Inique selon le CNRTL: « Qui manque gravement à l’équité; qui est injuste de façon criante, excessive »; Pourquoi ce Dieu « Tout-Puissant », qui pourrait donc enlever le mal, ne le fait pas? La question de l’existence du Mal est une problématique pour toutes les religions) peut être vu comme « simpliste », « enfantin ».

Dieu peut être autre chose qu’un magicien, qu’un Père Noël, en bien ou en mal intentionné.

C’est une représentation qui me semble bien éloignée du Dieu des évangiles

Croire en Dieu n’est pas toujours signe de progression « spirituellement bienveillante ». Des intégristes (toutes religions) croient en leur Dieu.

Croire dans un Dieu de violence, de haine, de guerre, d’assassinats questionne . . . Parfois, Satan est même « adoré » comme un Dieu…

Le doute est nécessaire, par opposition aux fondamentalistes qui eux vont chercher à imposer leur dogmes.

N’y a t’il pas un autre concept qu’un Dieu méchant et jaloux qui n’hésite pas à punir de façon inique ?

Extase artistique : perfection, Dieu comme sauveur du genre humain

La notion d’ « extase », une porte d’entrée au ressentit du sentiment spirituel?

Pour mieux comprendre ce sentiment (« il existe une dimension qui nous dépasse »), étudions la notion d' »extase« .

Définition du CNRTL: https://cnrtl.fr/definition/extase:

A.  » État particulier dans lequel une personne, se trouvant comme transportée hors d’elle-même, est soustraite aux modalités du monde sensible en découvrant par une sorte d’illumination certaines révélations du monde intelligible, ou en participant à l’expérience d’une identification, d’une union avec une réalité transcendante, essentielle. »

B. Par analogie: « Enchantement, ravissement d’admiration, de joie. »

Empr. au lat. chrét. ecstasis, extasis « fait d’être hors de soi; peur, stupeur; folie, transe; extase (mystique) ».

Ce sentiment peut donc apparaître selon les sensibilités de chacun en contemplant un paysage naturel (montagnes, océan), une œuvre d’un grand Maître (peinture, sculpture, architecture, musique), etc La sensation de la personne est celle d’être « transportée » !

Anecdote du prof: « l’appel à la prière lors d’un déjeuner ».

Le plafond de la Chapelle Sixtine. Michel-Ange

Découvrons le chef-d’œuvre de Michel-ange.

Vue panoramique du plafond de la Chapelle Sixtine

Michel-Ange, Chapelle Sixtine, Détail du plafond après restauration

Une partie de l’imaginaire collectif suit la représentation de Michel-Ange: Dieu serait un vieil homme (genre masculin;  » il y a une ressemblance physique entre l’humain et Dieu »), barbu (signe de sagesse), porté par ses anges, parfois sur un nuage … Que peut-on en dire?

Adam (symbolise ou bien l’humain), lui, nu, est avachi, sur une montagne, immobile. Son visage semble refléter une tristesse, presque un désespoir. L’orientation de sa main, pendante, semble indiquer un état de faiblesse. Ses doigts tombent vers la Terre.

Dieu, ne touche pas le sol, ses habits suivent un mouvement. Son visage semble exprimer une force, une protection. Sa barbe, symbolise la présence de la sagesse. On aurait presque l’idée du sauveur. Son index, tendu est en direction d’Adam. Dieu est situé en hauteur par rapport à Adam. On a le sentiment qu’il se rapproche d’Adam, qu’il est mobile, dans la proximité de l’humain.

Dieu semble venir au secours de l’humain dans cette peinture.

Importance culturelle de la peinture de Michel-Ange

Pour la petite histoire, cette peinture a été adoré (de nombreux magasines en ont fait leurs couvertures) et reprises:

Le logo du Café San Marco

L’entreprise San MArco a donc choisit une reprise de la peinture de Michel-Ange, et le justifie sur son site internet ainsi:

« SAN MARCO, C’EST…

Tout un art…

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le grand Maître Michel-Ange, a inspiré la communication et le décor du paquet de San Marco. L’un comme l’autre symbolisent la perfection et le raffinement extrême, sous tous leurs aspects : riches de sensations et d’émotions, ils incarnent ce « vero gusto italiano » dont San Marco a fait sa raison d’être. Aujourd’hui, le café San Marco s’inscrit dans la longue tradition des Maîtres torréfacteurs italiens pour vous offrir un café de caractère au goût original, racé, subtil et voluptueux. San Marco, le chef-d’œuvre du café italien.« 

Petite remarque: la présence de cotation sous-entend la présence de proportions dans le tableau du Maître, mais également la présence de « mathématiques » rend objectif la beauté/perfection de l’œuvre

Pour aller plus loin, et comprendre toute l’importance et la beauté du chef-d’œuvre de Michel-Ange:

Architecture musulmane: La Mosquée d’Abu Dhabi du Sheikh Zayed

L’architecture musulmane moderne religieuse est également source d’émerveillement.

Sheikh Zayed Mosque (Abu Dhabi)

Abu Dhabi. Photographie d’Ami Sharma

Cathédrale Sainte-Cécile à Albi, France

(Albi) Cathédrale Sainte-Cécile

Architecture indienne: le Temple merveilleux de Kailâsanâtha

Inde, Temple de Kailâsanâtha. Ila fut créé en creusant dans une falaise. Pour en savoir plus: https://www.tresorsdumonde.fr/temple-de-kailasanatha/

Il apparaît d’ailleurs sur le site de l’UNESCO: https://whc.unesco.org/fr/list/243/ ou vous pouvez découvrir d’autres photos.

Sculptures

A la fin 2017 / début 2018 s’est tenue au Musée Ashmolean (R-U) une exposition sur le thème: Imagining the Divine: Art and the Rise of World Religions

« It is easy to forget just how central art and objects are to religion. The great scriptures of the Abrahamic faiths Christianity, Islam and Judaism, the Hindu Vedas, and the Buddhist Sutras dominate our perceptions of the religious communities that use them. But so much of our knowledge, not only about practices and rituals, but also religious beliefs and ideas, can be enriched by thinking about the material heritage and contemporary world that religions are built around. Religions consist at least as much in the great variety of images, objects and monuments that constitute centres of sacred activity and worship.

It is especially through art and material culture that we can trace processes of exchange between the world religions. »

(Il est facile d’oublier à quel point l’art et les objets sont essentiels pour appréhender une religion.

The Bamiyan Buddhas. Afghanistan. Photo: © Afghanistan Embassy

L’idée de Dieu, ses récits historiques, sont sources d’inspiration pour l’humain, qui lui a dédié de trés nombreuses œuvres. Ces dernières peuvent être le reflet du sentiment religieux qui anime l’artiste, le sentiment intime qu’éprouve l’artiste envers Dieu.

Perfection artistique

De tous temps, les hommes ont cherché à créer des oeuvres plus belles, plus grandes, plus parfaites. Certaines civilisations se sont développées autour de ces constructions qui restent encore de nos jours un patrimoine historique et culturel identitaire.

« La recherche de la beauté parfaite, des proportions parfaites, de la perfection artistique, est une quête proche de celle de l’homme qui cherche à s’élever vers Dieu, vers la perfection qu’est Dieu. Les artistes sont des chercheurs de perfections. Chez certains, la perfection la plus pure prend l’image de Dieu. » Jérôme Espinasse, 2023.

L’idée de la perfection artistique est proche de celle de la perfection divine. Il y a bien une recherche, une quête, un cheminement qui peut toucher d’autres domaines que les arts.

Quatre concepts de Dieu. Analyse de Louis Pernot.

La négation du concept de Dieu: pourquoi certains ne croient pas en Dieu

Certaines personnes athées associent l’idée de Dieu avec une forme négationniste: la haine, l’obscurantisme, le sectarisme, le terrorisme, les croisades, l’inquisition, la pédophilie de l’église, la corruption des églises, etc

Bref, tous les maux que les religions ont ou auraient créées sont intégrées à la définition de Dieu pour ces personnes.

Ces faits historiques relèvent plus d’un traumatisme historique que d’une définition, même si certains faits ne peuvent pas être niés . . .

Le Dieu Moral, Dieu des valeurs

Nous avons tous des valeurs auxquelles nous sommes attachés.

Les valeurs chrétiennes enseignées par Jésus sont donc:

  • le pardon;
  • l’humilité;
  • la paix;
  • la fraternité;
  • le service;
  • la grâce;
  • la joie;
  • la bienveillance;
  • la tendresse;
  • le partage;
  • l’amour.

Dieu est Amour, et l’Amour, c’est Dieu …

Ces valeurs morales, ces idéaux de perfection, sont pour certains croyants la définition de Dieu. Croire dans ces valeurs c’est aussi croire que grâce à elles, et grâce à Dieu, la société (et soi-même) pourra mieux se développer.

Ce Dieu, définit ainsi selon des valeurs morales, n’a pas à « être démontré », puisque ces valeurs existent . . .

Le Dieu Philosophique: ontologie et buisson ardent

Le raisonnement ontologique et Dieu

« Toute chose qui est dans ce monde est. Les choses (un livre par exemple) participent à un concept qui est l’Etre.

A contrario, s’il n’y avait pas d’Etre, ce livre ne serait pas.

Qu’est ce que l’Etre en temps qu’être? Comment je peux imaginer l’Etre indépendamment de quoi que ce soit qui soit?

Définition du terme « ontologie » du CNRTL (https://cnrtl.fr/definition/ontologie)

« Partie de la philosophie qui a pour objet l’étude des propriétés les plus générales de l’être, telles que l’existence, la possibilité, la durée, le devenir.

Étude des êtres en eux-mêmes et non tels qu’ils nous apparaissent;

L’étude de l’être dans ses propriétés générales et dans ce qu’il peut avoir d’absolu; c’est l’étude de ce que sont les choses en elles-mêmes, dans leur nature intime et profonde, par opposition à la seule considération de leurs apparences ou de leurs attributs séparés. »

Dans cette conception ontologique, Dieu c’est l’Etre.

Exode 3.14: c’est la rencontre de Moïse et du buisson ardent. Moïse lui demande : « qui es tu ». Dieu prenant la forme du buisson ardent lui répond: « Je suis qui je suis / je suis qui je serai / je suis l’Etre ».

LP: « Dieu est ce qui permet à toute chose d’être. S’il n’y avait pas Dieu, rien ne serai, et donc il n’y aurai pas de monde »..

Argument « ontologique » de la présence de Dieu

Les philosophes se sont penchés sur la question de la démonstration de l’existence de Dieu. Dans ce registre, un des premiers penseurs à apporter une démonstration ontologique est Anselme de Canterbury: (https://eglise.catholique.fr/saint-du-jour/21/04/saint-anselme-de-cantorbery/).

Son raisonnement (https://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/AnselmeDeCanterbury_PreuveDieuExiste.htm):

  • « nous croyons que tu es quelque chose dont on ne peut rien concevoir de plus grand. »
  • (…)
  • « Et certainement ce dont on ne peut rien concevoir de plus grand ne peut être dans l’intellect seul. En effet, s’il n’était que dans l’intelligence, on aurait pu penser qu’il soit aussi en réalité : ce qui est plus. Or donc, si l’être dont on ne peut concevoir de plus grand est dans l’intelligence seule, cette même entité, dont on ne peut rien concevoir de plus grand, est quelque chose dont on peut concevoir quelque chose de plus grand : mais certainement, ceci est impossible. Par conséquent, il n’y a aucun doute que quelque chose dont on ne peut rien concevoir de plus grand existe et dans l’intelligence et dans la réalité. »
  • la perfection implique donc l’existence …

Dans un raisonnement assez proche, Descartes a également pu justifier l’idée d’une présence divine.

L’absolu et Dieu

LP: Les valeurs citées précédemment (Amour, joie, etc) ne sont jamais réalisées sur Terre. Il peut y avoir un idéal d’Amour, de Joie, de Pardon, etc

Qu’est-ce que l’idéal de la Paix, celui de l’Amour, et est-ce que ces idéaux existent? Nous pouvons expérimenter la paix, l’amour, mais la Paix en tant que tel est un idéal transcendant. Dieu serait donc l’absolu, l’idéal.

Est-ce que l’idéal existe?

Le Dieu transcendant, le non-matérialisme

Est-ce que tout ce qui est n’est que matériel? Ou est ce qu’il y a de l’immatériel? Est-ce qu’il y a dans ce monde du métaphysique, qui est de l’ordre de l’invisible?

L’option pour certains non-croyant c’est de dire « Tout n’est que matière, il n’y a rien en dehors de la matière, du physique ».

LP: « L’homme participe à cette transcendance; l’homme n’est pas simplement qu’un amas de molécules, (…), mais il y a dans l’homme une dimension transcendante, qui est au-delà de ses fonctions mammifères, (…) mais il y a quelque chose dans l’homme qui est de l’ordre de l’esprit, qui est l’ordre de la transcendance, et je crois que Dieu est esprit, J’appelle Dieu l’esprit, ce qui dépasse la matière, ce qui est au-delà du concret, du visible ».

Mais y a t »il une entité (Dieu) qui eut agir dans le monde ?

Le Dieu de la Foi (au sens du sentiment religieux)

LP: la foi au sens du sentiment religieux, c’est la capacité à ressentir la transcendance, à prier, et de se dire que l’on est pas seul, qu’il y a une dimension de paix qui m’enveloppe, une présence, et on peut ressentir un sentiment de reconnaissance qui déborde de moi.

Certains sont sensibles à ce sentiment, et d’autres pas.

Certaines personnes sont capables de tomber amoureux plusieurs fois dans leur vie, et d’autres ne tomberont jamais amoureux de leur vie ! La personne qui n’expérimente pas ce sentiment d’amour, peut-elle pour le moins contester l’existence du sentiment amoureux?

Le sentiment religieux existe, et c’est une composante de l’humain. Dans toutes les cultures, durant toutes les époques, il y a eu un sentiment religieux qui s’est exprimé, qui a été expérimenté.

LP: « L’expérience du divin est une donnée objective, qui est un propre de l’humanité ». (…) Le sentiment religieux a une cause et un objet, que j’appelle Dieu ».

Ce sentiment religieux peut offrir de nombreux bienfaits à ceux qui l’expérimente !!!

La religion permet de:

  • canaliser cette foi, ce sentiment religieux, au service du don, du pardon, etc d’autres religieux ne partagent pas cette même destination.. Les chrétiens mettent cette foi, cette énergie au service de l’Evangile.
  • raviver ce sentiment de foi, qui risque avec le temps de faiblir.

L’importance du Jésus théologique (Jésus Christ) pour les chrétiens selon le Prologue de Jean

Le Jésus historique et le Jésus divin

Peu de gens remettent en cause l’existence historique de Jésus. Les évangiles sont un texte théologique, mais non biographique.

Quel lien entre Jésus et le divin?

Est-ce que Jésus ne serait que le promoteur d’un judaïsme extra-libéral (l’important n’est pas de respecter les règles strictes juives de la Torah, mais l’important c’est d’aimer son prochain comme soi-même)?

Ou est ce que Jésus est plus qu’un simple réformateur?

Dans le christianisme on met Jésus dans un rapport particulier avec le Divin.

Le Prologue de Jean et la représentation du divin selon Jean

Dans le Nouveau Testament, le début de l’épitre de Jean est nommé « Le Prologue de Jean ».

(CNRTL: définition de Prologue = texte introductif).

Ce texte, qui selon les traductions revêt une forme poétique, extrêmement connu (et souvent très apprécié par de très nombreux chrétiens), cherche à présenter Jésus Christ de façon intellectuelle, théologique et spirituelle.

Qui est Jésus Christ, comment agit-il dans le monde? Une partie majeure de la spiritualité chrétienne, à travers la présentation de Jésus Christ (selon le prologue de Jean), se dévoile dans ces quelques lignes.

Les premiers mots font référence aux premiers mots du Livre de la Genèse, « Au commencement ». Fidèle au premier testament, le Dieu du N.T. va encore faire acte de créer. [ C’est une bonne nouvelle ! ]

Jean présente Dieu comme étant à la fois « Parole » et « Lumière ».

Nous passons d’un Dieu représenté comme « une personne toute puissante en haut dans le ciel » à un « Dieu qui est un dynamisme créateur à l’œuvre dans le monde ». [ C’est une bonne nouvelle ! ]

La Parole / le « logos »/ le verbe

La Parole ne pouvant ni contraindre ni imposer, ce concept de Dieu lui retire sa toute-puissance.

Louis Pernot précise:  » La parole, c’est une puissance de persuasion, c’est un appel, une instruction, pas une force d’action concrète. (…)  l’action de la parole de Dieu demande l’adhésion pour pouvoir être efficace, elle ne l’est pas en elle-même « .

Définition du logos selon le CNRTL:

  1. PHILOSOPHIE. [Chez Platon, les stoïciens, Hegel, etc.] Raison divine; sort, raison organisatrice, explicatrice de l’univers. Logos, terme que Pythagore, Platon et les premiers philosophes chinois ont également employé pour exprimer la manifestation de l’être ou de la raison suprême;
  2. THÉOL. (christianisme). Seconde personne de la Trinité, verbe éternel de Dieu venu s’incarner et qui est nommé dans St Jean (I, 1-18) « Parole » ou « Verbe ».

Dominique Peyrache-Leborgne, professeur de littérature comparée (Université de Nantes) précise dans son article « Mythes, contes et légendes, entre fiction et réalité » (Le Point Références): « Le terme de « mythe » provient de la tentative opérée par les Grecs anciens pour différencier deux formes de discours, le muthos et le logos (d’où dérive le terme « langage »).

(…)

« le terme de muthos évoque une « fiction », qu’il faut distinguer du logos, signifiant « raison » ou « discours » et associé à l’idée de réalité, de vérité ».

(…)

« Le logos se fonde sur l’observation de la réalité et sur le raisonnement, tandis que le muthos provient de l’hypothèse, de l’imagination, de l’affectivité et de la mémoire, et s’exprime à travers des images, des symboles et des allégories ».

La lumière

Elle permet de trouver son chemin avec intelligence.

Définition de la lumière selon le CNRTL:

« THÉOL. Attribut de Dieu en tant que source de toute vérité. Lumière éternelle, incréée, surnaturelle : marcher, se tenir dans la lumière.« 

Pour résumer

Selon la Bible Expliquée (Société Biblique Française, 2004) :

« l’évangile présente Jésus comme la Parole éternelle de Dieu qui se fait homme et vient vivre avec les humains, présence parmi eux de la vie, de Parole, de Lumière, de Vérité« .

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le prologue de Jean:

( Références de Louis Pernot: https://www.evangile-et-liberte.net/2016/02/le-prologue-de-jean/

et

https://etoile.pro/textes-ecoles-bibliques/prologue-de-jean )

Pour ceux qui veulent lire le Prologue de Jean, traduction de Louis Second (1910)

https://www.bibleserver.com/LSG/Jean1

L’inspirateur, celui qui guide le chemin du pèlerin

Parfois, la quête de Dieu pousse certains à « tout quitter », à voyager, à une quête spirituelle. Par exemple, je vous invite à découvrir le voyage de Brice et Stitch: (https://linktr.ee/brice_en_chemin) :

« Après avoir entrepris en 2022 (28 juillet-18 octobre) le chemin de Compostelle du Puy en Velay à Compostelle Brice et Stitch son fidèle compagnon vont désormais entreprendre à partir du mois d’avril 2023 un long pèlerinage ralliant Le Puy en Velay à Jérusalem, puis Jérusalem à Rome et enfin Rome à Compostelle. Les étapes ne sont encore pas prévues mais une arrivée approximative est à prévoir à Jérusalem pour Noël 2023, à Rome pour Pâques 2024 et enfin à Compostelle pour Noël 2025. »

Dieu, ici, offre un chemin, une quête, une expérience humaine, une réflexion spirituelle, que l’on peut faire, et qui mène à lui.

Ce que l’on peut retenir

Saisir la présence de Dieu à travers les arts semble être l’approche la plus simple. En effet, lorsque nous contemplons la beauté d’une œuvre (peinture, sculpture, architecture, chants, musique, danse, ou bien … celle d’un paysage naturel ! ), un état de contemplation profond, une sérénité pure, ou une émotion vive, peut nous envahir. Les créations artistiques présentent également la conception intime que l’artiste représente envers Dieu.

Chez certains, cette expérience, cette quête vers soi, vers l’autre, devient spirituelle, et permet d’approcher la présence du divin.

Chez certains artistes, la notion de Dieu est une source d’inspiration. Mais peut-on « réduire » la notion de Dieu à celle d’une source d’inspiration artistique? Je vous invite à découvrir la définition du CNRTL.

Le Pèlerinage du Mont Kaïlash

Le lieu de pélerinage « le plus difficilement accessible au monde »

Cette montagne est située au Tibet occidental.

Sa base est à 4 500 m d’altitude et son sommet s’élève à 6 714 m.

Selon certaines religions, plus le pèlerinage est ardu, plus celui-ci est « méritoire ».

Pour se rendre au mont Kailash, quatre journées complètes (de dix à quinze heures par jour) de jeep étaient nécessaires. Une fois au pied de la montagne, quatre autres journées de marche sont requises pour en effectuer la circumambulation. 

C’est bien une aventure: le mal d’altitude sous ses multiples facettes, la fatigue, le camping et son absence de confort, les maux d’estomac ainsi que l’inexorable promiscuité à laquelle les pèlerins sont constamment assujettis font oublier le personnage qui a pris le chemin. Rapidement, les pèlerins prennent conscience qu’il leur serait presque impossible de survivre sans le groupe, sans leur guide tibétain et sans leurs diligents sherpas népalais. En fait, sans ces derniers, il aurait été périlleux de tenter de franchir le Drolma La, ce col de 5 600 m presque toujours couvert de neige.

Importance religieuse du Mont Kaïlash. Tradition Hindoue

C’est un pèlerinage reconnu par plusieurs traditions religieuses.

Pour le bouddhisme que pour l’hindouisme, pour le jaïnisme que pour le sikhisme, et même pour la tradition bön (tradition autochtone du Tibet), le mont Kailash est en effet perçu comme étant le centre du monde, l’axis mundi à partir duquel tout le reste du cosmos a émané.

Le pèlerinage hindou serait  » hénospatial  » : l’espace, le lieu de pèlerinage où le pèlerin se rend est toujours le plus sacré, le plus favorable, le plus propice à satisfaire ses attentes. Si le pèlerin effectuait un deuxième pèlerinage, mais à un autre site, l’importance attribuée à ce deuxième endroit surpasserait celle attribuée au premier, tout au moins lorsque le pèlerin se retrouve dans le limen, au cœur même de l’espace sacré.

Le mont Kailash demeure un endroit central, un point clé dans les mythologies et les hagiographies hindoues et bouddhistes.

Dans la tradition hindoue, le mont Kailash est la montagne privilégiée par Shiva pour y pratiquer son ascétisme. Selon la mythologie hindoue, Shiva y pratiquait une ardente ascèse. Parvâti, désirant séduire Shiva, y expédia Kama, le cupidon hindou, avec la mission d’atteindre Shiva de l’une de ses flèches d’amour.

Mais Shiva, exaspéré de se voir troublé dans sa concentration, réduisit Kama en cendres grâce au pouvoir de son troisième œil.

Mais comme Parvâti était résolue à atteindre son objectif, elle se rendit elle-même à Kailash, s’assit en position yoguique et surpassa dans l’ascèse le maître du yoga lui-même, Shiva.

Celui-ci reconnut donc les prouesses de Parvâti et, depuis, réside avec elle sur cette montagne sacrée.

Pour les hindous, un pèlerinage à Kailash n’est donc pas seulement un voyage au centre du monde, au cœur de la représentation géographique traditionnelle (mandalique) de l’Inde (Bharata), mais également une visite en la demeure même de Shiva et Parvâti.

La route menant à Kailash ainsi que la circumambulation de la montagne permettent de développer le tapas, cette énergie ascétique requise pour brûler les karmas. Lorsque suffisamment de tapas est accumulé, que tous les karmas sont dissous, la libération (nirvana, moksa) est atteinte. Ainsi nous retrouvons dans l’hindouisme, tout comme dans le bouddhisme, un lien direct entre l’atteinte de la libération et la circumambulation (parikrama) du mont Kailash.

Pour le dévot, le pèlerinage à Kailash est avant tout sotériologique, il est un moyen d’atteindre l’émancipation de la chaîne des renaissances.

Importance religieuse du Mont Kaïlash. Tradition bouddhiste

Tout comme les hindous, les bouddhistes tibétains sont convaincus que le mont Kailash est la demeure de l’une de leurs divinités importantes, bDe mchong ‘khor lo, qui y réside en permanence avec sa consœur Dorje Phangmo. bDe mchong ‘khor lo revêt une peau de tigre et un collier de crânes humains ; dans une main, il tient un damaru, dans l’autre, un trident (khatam). L’iconographie tibétaine le représente souvent entrelacé avec Dorje Phangmo. On ne peut s’empêcher d’établir un parallèle entre Shiva et bDe mchong ‘khor lo: le damaru et le trident sont en effet des symboles associés à chacune de ces divinités ; la langoureuse étreinte de Dorje Phangmo et bDe mchong ‘khor lo rappelle celle de Shiva et de Parvâti ; la peau de tigre et le collier de crânes représentent un ascétisme tantrique rigoureux dont Shiva et bDe mchong ‘khor lo sont tous deux perçus, dans leur tradition respective, comme les représentants.

L’importance de Kailash dans la tradition tibétaine ne s’arrête cependant pas au fait que la montagne soit la demeure d’une divinité, aussi importante soit elle. Voyons ici ce qu’en dit le lettré contemporain Chos dbying rdo rje, résident de Darchen (point de départ de la circumambulation de Kailash) dans son guide de pèlerinage au mont Kailash :

[Le mont Kailash] qui est décrit […] dans les écritures bouddhiques, les sutra et les tantra, est le véritable palais des buddha, le site où se rassemblent les mères, les dakini et les protecteurs du territoire, le lieu où résident les sages divins. Ce Ti se, Montagne Blanche Enneigée [Kailash], dont le nom est universellement connu, est fait de glace et a une forme semblable à celle d’un stupa de cristal. Autrefois, le Buddha, dans ses prophéties, l’a désignée [sous le] nom de  » Montagne Enneigée « . Cette montagne neigeuse semblable à un stupa de cristal est le palais de bDe mchong ‘khor lo. Il est entouré, aux confins, par des montagnes enneigées où résident de nombreux arhat. D’une manière générale, les Buddha des Trois Temps s’y assemblent tels des nuages [dans le ciel]. Les mères, les dakini, et les Protecteurs s’y regroupent tels leurs serviteurs et, de même que des turquoises sont serties dans un anneau d’or, dans chaque grotte de ce lieu saint réside un ermite. Il y a toute sortes de choses merveilleuses à voir : images corporelles de divinités, empreintes de pied du Buddha et marques de réalisations extraordinaires de Mi la ras pa et de Na ro bon chung : toutes sortes de signes miraculeux apparaissent. […]

Ce lieu saint excellent et extraordinaire, quelle joie ! En ce lieu on est heureux car les bénédictions des buddha et des bodhisattva des dix directions ont transmué toute affliction. Ici, à la frontière entre le samsara et le nirvana, aucune des perfections du monde ne fait défaut mais, quoiqu’elles s’y trouvent, elles sont trompeuses, comme une inconsistante fantasmagorie.

Les Quatre fleuves émanant du Mont Kailash

Le nom indien contemporainle nom tibétain (et sa traduction)
Sutlej ou ShatadruLangchen Khambab  ( » Fleuve sortant de la bouche d’un éléphant « )
Karnali Mapcha Khambab ( » Fleuve sortant de la bouche d’un paon « )
Brahmapoutre Tamchok Khambab ( » Fleuve sortant de la bouche d’un cheval « )
Indus ou SindhuSenge Khambab ( » Fleuve sortant de la bouche d’un lion « ) 

Importance religieuse du Mont Kaïlash. Tradition sikh et jaïnisme

La tradition sikh soutient que son fondateur, Guru Nanak, se serait rendu au mont Kailash lors de son expérience mystique.

La tradition jaïn, quant à elle, soutient que le premier tirthankara, Adinath, aurait atteint le nirvana au sommet même de Kailash (prakrit: Astapada). Le terme tirthankara signifie  » passeur de gué « , celui qui établit une passerelle permettant de passer d’une rive à l’autre, du samsara au nirvana. Que le jaïnisme situe l’expérience d’éveil de son premier tirthankara au mont Kailash semble révélateur.

Saga Dawa, la naissance de Bouddha

A l’Ouest du Mont Kailash, les fidèles se réunissent tous les ans pour y célébrer la naissance de Bouddha. Des drapeaux y sont dressés à l’occasion de cette grande fête.

Définition de Dieu selon le CNRTL

La définition de Dieu (https://www.cnrtl.fr/definition/dieu) est logiquement assez longue et parfois complexe, qu’il serait peu utile de décrire précisément ici.

Approche étymologique – Origines – Les premières nominations de Dieu dans la Genèse : Elohîm, YHWH, El-Shaddaï

La notion du Dieu chez les hébreux a évolué dans le temps, tout comme son nom

Les noms du dieu biblique sont multiples: Yahvé (nom propre du Dieu d’Israel, en forme longue); Yahou en forme courte; Elohîm, Eloa, El Shaddaï, El (également utilisé pour d’autres divinités !) …. Les historiens pensent que ces différentes noms montrent que ce dieu n’a pas été à ses origines, à son apparition, un Dieu unique qui transcende. Certains pensent que l’idée d’un seul Yahvé se met en place seulement vers 622 avant notre ère, sous le règne du roi Josias, roi de Jérusalem, qui deviendra le seul endroit possible pour offrir des sacrifices et payer des impôts (au Dieu Yahvé, à son clergé, et à la cour royale).

L’analyse de Michel Langlois du premier nom de Dieu apparaissant dans la Genèse, Elohîm

Nous lisons: https://michaellanglois.fr/questions/que-signifie-elohim-y-a-t-il-plusieurs-dieux/

Elohim vient du mot « éloah », qui signifie Dieu <majeur>. L’hébreu utilise un autre mot pour dieu: « El ».

Le mot « élohîm » désigne donc des « dieux majeurs » dans son sens de nom commun.

Michel Langlois (sa présentation, écrite par lui-même: https://michaellanglois.fr/bio/ ) poursuit:

« Dans la Bible, élohîm devient parfois un nom propre: Élohîm. C’est notamment le cas dans le premier verset de la Bible : « Au commencement, Élohîm créa le ciel et la terre » (Genèse 1,1). Dans ce verset, ce n’est pas le nom commun pluriel qui est employé, car le verbe est au singulier (sinon on traduirait « Au commencement, des dieux ‹majeurs› créèrent le ciel et la terre »). C’est bien un nom propre, qui désigne le dieu de la Bible tel qu’il était vénéré dans certaines milieux du judaïsme antique.« 

Dieu apparaît à Moïse sous la forme d’un buisson ardent et lui révèle son nom (Ex3): YHWH (le Seigneur)

YHWH, c’est le Dieu de la Génération: « Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ».

Aujourd’hui, l’historien Thomas Römer (un des plus grands universitaires contemporains, il dispose d’une chaire au Collège de France) pense que l’origine du tétragramme YHWH serait à l’origine localisé dans le Sud d’Israël, et aurait été à l’origine dieu de la guerre et de l’orage, vénéré par des habitants dans des régions arides se trouvant en conflits militaires.

Thomas Römer, tenant d’une Chaire au Collège de France: Milieux Bibliques

Le débat sur le sens du tétragramme: tentatives d’interprétation et de définition

  • l’explication à partir de la racine du verbe « être » est souvent acceptée; selon T. Römer , il pourrait s’agir d’un « jeu de mots à partir d’une idée théologique selon laquelle le dieu d’Israël échappe à la mainmise de l’homme (« je serai qui je serai », ou « je suis qui je suis »; c’est le caractère inssaisisable du dieu) tout en lui promettant assistance et accompagnement (« je serai avec toi »). » Dans ce sens, Yahvé aurait pour racine « hayah« , être;
  • pour S. Mowinckel:  » la forme originelle de Yhwh aurait été *ya huwa : « le voici ; c’est lui »;
  • E.A. Knauf et Wellhausen rappellent qu’une origine arabe préislamiste, de racine sud-sémitique, permettrait d’établir un lien entre le tétragramme et trois significations: désirer, se passionner; tomber; souffler; selon Thomas Römer, l’explication la plus satisfaisante ferait de YHWH celui sui souffle, qui amène le vent

Le débat sur le sens du tétragramme: tentatives d’interprétation et de définition

  • l’explication à partir de la racine du verbe « être » est souvent acceptée; selon T. Römer , il pourrait s’agir d’un « jeu de mots à partir d’une idée théologique selon laquelle le dieu d’Israël échappe à la mainmise de l’homme (« je serai qui je serai », ou « je suis qui je suis »; c’est le caractère inssaisisable du dieu) tout en lui promettant assistance et accompagnement (« je serai avec toi »). » Dans ce sens, Yahvé aurait pour racine « hayah« , être;
  • pour S. Mowinckel:  » la forme originelle de Yhwh aurait été *ya huwa : « le voici ; c’est lui »;
  • E.A. Knauf et Wellhausen rappellent qu’une origine arabe préislamiste, de racine sud-sémitique, permettrait d’établir un lien entre le tétragramme et trois significations: désirer, se passionner; tomber; souffler; selon Thomas Römer, l’explication la plus satisfaisante ferait de YHWH celui sui souffle, qui amène le vent

Le nom de Dieu ne se prononce pas pour les hébreux

Plusieurs raisons sont présentées: YHWH est un nom propre, une interprétation du deuxième commandement (Decalogue, 10 commandements: Loi donnée par Dieu à Moïse): « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain. (ou pour la futilité) », etc

L’Historien et le monothéisme

La Bible retrace notamment l’histoire d’un Dieu ayant eu à faire fâce à d’autres dieux et déesses. Qu’en est il? Selon Thomas Römer (https://www.college-de-france.fr/sites/default/files/documents/thomas-romer/UPL2407012671866336181_R1112_Romer.pdf page7):

« Dans la discussion ancienne concernant l’identité du dieu yhwh, celui-ci apparaissait comme un dieu célibataire. Selon la bible, yhwh est le dieu national d’israël, et le culte en israël est, ou plutôt devrait être, monolâtre. Les mentions de déesses dans la bible, notamment d’ashérah, furent traditionnellement considérées comme relevant d’un culte non yahwiste. C’est dans cette perspective que les rédacteurs bibliques ont essayé de présenter les choses. pour l’historien, la situation se présente différemment. il est très plausible que yhwh ait eu en Juda et sans doute aussi en israël une déesse qui lui ait été associée.

Certes, yhwh fut le dieu national, ce qui lui donne une place privilégiée, au moins dans le culte officiel, mais cela n’exclut nullement la vénération d’une déesse à côté de yhwh. »

La présence d’Ashéra en lien avec la maison ou l’autel de YHWH est attesté dans plusieurs passages de la Bible, et notamment 2R 23, 6-7 [Josias, roi de Juda « sortit de la maison du Seigneur le poteau cultuel (l’Ashéra) qu’il emporta hors de Jérusalem »].

C’est donc au cours de réformes religieuses que YHWH est devenu un Dieu unique.

Note du professeur de culture religieuse: pourquoi est-ce important? A partir du monothéisme, Dieu englobe à la fois des attributs « plutôt masculins » (le créateur de toutes choses ayant des attributs humains colère, orage, guerrier, Dieu du ciel, c’est le Dieu qui a dû gagner des batailles contre d’autres Dieux, etc) et également « plutôt féminins » (le Dieu nourricier (Dieu aux mamelles), celui qui offre, qui nourrit, celui qui est tendre, miséricordieux, clément, qui pardonne, indulgent).

« EL-Shaddaï »: deux traductions possibles . . .

La troisième nomination de Dieu dans la Bible regroupe parfaitement ses deux attributs:

Le mot « EL » indique force, pouvoir et omnipotence.

Le mot « SHADDAÏ » peut traduire « celui qui a de poitrine », en d`autres termes, « celui qui nourrit, supplée, et satisfait ».

EL-SHADAÏ est le Dieu omnipotent des générosités. L´omnipotence de Dieu est la « poitrine », cela signifie l’Amour qui est transmis à d’autres. EL-SHADAÏ est ce Dieu qui verse des bénédictions sur nos têtes et nous donne une Vie dans l’abondance. C’est le sens de cet article https://jecherchedieu.ch/dico-de-mots-qui-piquent/theologie-shaddai-ou-la-maternite-de-dieu/

Attention ! El-Shaddaï peut également être traduit par « Dieu Tout-Puissant ». . .

Copie de la note du pasteur Marc Pernot au sujet de « Shaddaï »

« Qualité maternelle de Dieu, nous accouchant, nous allaitant tendrement (et non pas Zeus Tout-Puissant).

Ce nom même de shaddaï a toute une histoire dans nos traductions de la Bible. Car quand les grecs ont traduit la Bible Hébraïque vers 300 avant Jésus-Christ (voir LXX), le sens de ce mot « shaddaï » s’était perdu ou peut-être qu’ils ont fait comme s’ils avaient oublié pour mettre ce qui pour eux était le plus digne d’un Dieu : la Toute Puissance, celle de Zeus, le grand dieu des grecs. Or, Shaddaï était le nom ou l’attribut d’une déesse bien connue comme on le voit sur une inscription à Deir ‘Allah, mais aussi retrouvée dans des sites archéologiques de l’âge du bronze : une déesse de la fécondité, plus précisément une déesse nourricière. En effet, en hébreu, « shad » est le sein maternel, ce qui donne au duel « shaddaï » : les deux seins de la maman nourrissant son enfant.

La déesse mère Ashéra (ou Astarté) était bien connue des hébreux, elle avait même sa statue dans le temple de Jérusalem où elle était adorée formant un beau couple avec Yhwh pendant des siècles. Ashéra était une déesse mère. En Ougarit elle était parfois appelée Shaddaï (celle qui a deux seins) ou Rarhmaï (celle qui a un utérus, celle qui a de la miséricorde puisque la racine rarham signifie à la fois tendresse maternelle et l’utérus). Dans la Genèse cette théologie se retrouve par exemple dans la bénédiction par laquelle Jacob bénit son fils Joseph dans le livre de la Genèse :

C’est l’œuvre du Dieu de ton père, qui t’aidera,
C’est l’œuvre du Shaddaï qui te bénira des bénédictions des cieux en haut,

des bénédictions des eaux en bas,
des bénédictions des seins (shaddaïm) et de l’utérus maternels (raram) !
(Genèse 49:25-26)

Ensuite, l’idée (très discutable mais solidement ancrée dans l’imaginaire humain) de « toute-puissance » de Dieu s’est emparée de cette traduction grecque pour injecter cette théologie jupitérienne dans notre Bible. En lieu et place d’une autre forme de puissance qui est la tendresse viscérale, l’amour qui donne la vie, qui nourrit, qui fait grandir.

Le Dieu du Coran. Approche par strates

Cette partie est tirée de ma lecture du livre « Dieu de la Bible, Dieu du Coran » de Thomas Römer, Jacqueline Chabbi [quelques livres de Jacqueline Chabbi: « L’islam de Mahomet »; « Le Coran décrypté »; « Les trois piliers de l’Islam »; « On a perdu Adam, La Création dans le Coran »] et Jean-Louis Schlegel, Editions du Seuil.

Jacqueline Chabbi

Analyse chronologique des strates de sourate: Rabb, Rahmân, Allah

Dans son analyse, Jacqueline Chabbi va considérer les strates d’écriture par leur origine chronologique. Ce serait donc « Rabb » (Sourate 106, : »Seigneur de cette demeure ») qui aurait été utilisé initialement (intégrant une notion de proximité ) pour désigner le Maître du point d’eau Mecquois (puits de Zamzam dont l’eau a une valeur sacrée et/ou curative).

Ensuite, la figure divine se ferait appelée Rahmân, le « bienfaisant », dont le mot (Dieu) pourrait être originaire du Yemen.

Pour aller plus loin :

La Kaa’ba

Intérieur de la Kaa’ba

C’est un édifice, qui porte la Pierre Noire à l’angle Est (Soleil Levant), et (la pierre de bienfaisance à l’angle sud?), un bétyle, « Demeure de Dieu ».

Approche scientifique : une possible présence du divin à travers l’indétermination, l’orthogénèse, et le réglage fin de l’Univers? Dieu comme le mathématicien de premier ordre . . .

La réalité physique: une immense complexité !

Cette partie est un résumé court d’un message de Louis Pernot (La mécanique quantique, Dieu et l’homme): https://etoile.pro/en-relation-a-dieu/predications/la-mecanique-quantique-dieu-et-l-homme

L’étude du physique révèle bien des surprises: la superposition quantique en est un exemple (https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/quantique/un-neutron-a-deux-endroits-a-la-fois-le-phenomene-de-superposition-quantique-mesure-pour-la-premiere-de-facon-directe_163935 ) : « une équipe de l’Université de Vienne a réussi ce qui semblait jusqu’ici impossible : mesurer la position d’un seul neutron, prouvant ainsi que la particule s’était bien déplacée sur deux chemins différents au même moment. »

De plus, nos sens ne perçoivent qu’une très petite partie de la réalité : nous ne voyons pas les rayonnements infra-rouges et ultraviolets, nous ne percevons pas tous les sons.

Enfin, dans l’étude du réel et de la mécanique apparaît des marges d’indétermination: l’indétermination d’Heisenberg en est un exemple : ( https://www.institut-pandore.com/physique-quantique/lindetermination-de-heisenberg/ ). « La physique quantique est basée sur des phénomènes aléatoires et sur de nombreuses indéterminations. L’une d’elles est connue sous le nom de l’indétermination de Heisenberg.« 

Or, en statistique, le hasard est un « jeu à somme nulle ou quasi-nulle ». Cela signifie que l’on ne peut pas s’appuyer « seulement » sur la présence du hasard pour engendrer une création. Surtout que l’on peut remarquer l’existence d’une direction au développement de l’ensemble de nos systèmes, une orthogénèse (« Évolution se faisant dans une direction précise et progressive, et obéissant à certaines lois »).

Les conséquences du paradoxe « EPR », ou paradoxe des particules corrélées

Ce paradoxe a été présenté par Einstein, Podolsky et Rosen en 1935. En 1982, un scientifique français, Alain Aspect, a voulu vérifier cette hypothèse (théorie). Les conclusions sont « phénoménales »: « les deux photons, même séparés par des millions d’années-lumière, sont en contact permanent. Ils n’ont pas besoin d’échanger d’information à l’aide d’un moyen classique limité par la vitesse de la lumière. Lorsque l’un est détecté, l’autre le sait de façon instantanée. Les deux particules peuvent donc apparaître dans des directions opposées sans se consulter au préalable.« 

Louis Pernot, Pasteur protestant, présente ses conclusions :

  • nous pourrions supposer « des liens entre différents objets de l’univers indépendamment tout moyen de communication d’information connue ». Note du professeur de culture religieuse: nous pourrions supposer une action métaphysique sur la physique !!!
  • si les particules sont corrélés entre-elles, les humains pourraient également être aussi liés entre-eux à travers un moyen de communication d’information cité plus haut …
  • Dieu serait l’explication à ce dynamisme orientant l’indétermination quantique !!! Note du professeur de culture religieuse: une explication métaphysique pourrait remplir le rôle de « cette communication d’information » …
  • l’action (la main) de Dieu se manifesterait dans ce cadre de façon trés lente. Quoi que …

Dieu, horloger de Voltaire et le « fine tuning » : rejet de la solution du hasard …

(NDLR: Ce passage est largement inspiré du 8ème chapitre du livre de Michel-Yves Bolloré et d’Olivier Bonnassies: « Dieu, La Science, Les preuves » Editeur Guy Trédaniel. La collaboration en matière scientifique a été assurée par plusieurs chercheurs et savants (les champs d’étude ou de formation recouvrent, entre autres des diplômés normalien, polytechnicien, biochimiste, généticien médical, agrégé de physique, certains sont membre des Académie des sciences, des directeurs de recherche etc).

Une des plus célèbres citations de Voltaire concerne Dieu: ‘L’Univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger« . L’étude des fabuleux réglages de l’Univers ayant permis in fine l’apparition de la vie permet de réduire (rejeter) l’hypothèse du hasard comme étant à l’origine du fonctionnement des règles de l’univers.

En 1964, deux chercheurs, Arno Penzias et Robert Woodrow Wilson (Prix Nobel de Physique 1978) découvrent le rayonnement de fond cosmologique, qui prouve que notre Univers a eu un commencement !!!!! Or, Robert W. Wilson, avant sa découverte, pensait, comme bon nombre de chercheurs, que l’univers avait toujours existé.. L’idée d’un commencement de l’univers est proche de celle de l’idée créationniste de la Bible… La science est donc le domaine qui a fait un pas vers l’idée créationniste. Mais la science a également pu découvrir quelques réglages ultraprécis (‘fine tuning ») nécessaire à la création, aux bons développement de l’univers (George Smoot, Prix Nobel de physique 2006: « L’évènement le plus cataclysmique que nous puissions imaginer, le Big Bang, apparaît, à y regarder de plus près, comme finement orchestré » : https://evolutionnews.org/2007/02/does_george_smoot_nobel_laurea/) . Quels sont quelques-uns de ces réglages ultraprécis?

[Pour une page de citations de savants concernant l’hypothèse d’un design intelligent de l’univers (cf Dieu) ou d’un réglage extrêmement fin merci de visiter la page suivante: https://www.veritas-ucsb.org/library/origins/quotes/universe.html]

Il peut s’agir de:

  • la 122ème décimale de la « constante cosmologique » nécessaire à Einstein dans ses équations de la Relativité pour maintenir la stabilité de l’univers… Au 123ème rang on trouve un chiffre non-nul!
  • entre 1 seconde et quinze minutes après le Big Bang, le réglage de la force nucléaire nécessite un impressionnant réglage qui puisse permettre la fusion de l’hydrogène (2% plus élévée rend la fusion de l’hydrogène impossible, selon Stephen Hawkins « Le Visage de Dieu, chapitre XV « Pourquoi l’Univers est-il bien réglé?); en-dessous de sa force actuelle, et seuls l’hydrogène et l’hélium se seraient formés… Au-dessus et, en l’absence d’hydrogène, aucun autre élément plus léger que le fer …
  • du réglage à treize chiffres après la virgule de la force électromagnétique qui permet l’association des électrons aux noyaux atomiques…
  • d’une constante surnommée « théologique », la constante de Planck (elle règle universellement les niveaux d’énergie de tous les atomes » qui est la base de la mécanique quantique; la chimie est permise grâce à cette constante.. Sa présentation sera à votre programme de 1ère S: http://spc.ac-amiens.fr/637-determination-de-la-constante-de-planck.html
  • la vitesse d’expansion de l’univers devait être trés précisément ajustée à la 15ème décimale, d’après Alan Guth, professeur de physique au MIT (https://physics.mit.edu/wp-content/uploads/2021/01/physicsatmit_02_cosmology.pdf)

Conclusion:

« On pourrait peut-être décrire la situation en disant que Dieu est un mathématicien de premier ordre, et qu’il a utilisé des mathématiques très avancées pour construire l’Univers » Paul Dirac, 1963

« Toute la matière trouve son origine et existe seulement en vertu d’une force. Nous devons supposer derrière cette force l’existence d’un esprit conscient et intelligent » Max PLanck, un des découvreurs de la Mécanique Quantique.

Les observations empiriques du télescope James Webb apportent des surprises aux astrophysiciens

L’astrophysique est effectivement un domaine qui évolue sans cesse. Je vous invite à prendre connaissance de ces deux articles:

Certains journalistes pensent que la découverte du télescope James Webb va remettre en cause les modèles de cosmologie actuels: https://www.ledevoir.com/societe/science/782719/une-decouverte-du-telescope-james-webb-remet-en-question-les-modeles-de-cosmologie-actuels

Mais, que retenir ? ? ?

Bien évidemment, nul ne peut démontrer la présence (ou l’inexistence) de Dieu . . Peut-être quelques soupçons peuvent accompagner une vie spirituelle, que seule la foi pourra orienter vers un cheminement croyant.

La notion de « Dieu » est donc bien complexe, différente selon chaque croyant, différente selon les époques. Certains y voient un grand-père barbu, d’autres une source d’inspiration et d’émerveillement (le Dieu des artistes), ou encore une présence discrète qui suit et qui accompagne le croyant, le nourrissant « non seulement » matériellement, mais, de façon plus importante, spirituellement. Ou bien encore cette force dont la main a rendu possible un fonctionnement de notre univers propice au développement de la vie par des réglages extrêmement fins . . . Nos sensibilités peuvent nous permettre d’appréhender cette notion. Nos sensibilités … Ou bien les religions, qui, en créant certains mots, dogmes, rituels, symboles, ou en se définissant par rapport à des textes, aident le croyant à mieux comprendre « Dieu ». Dieu est donc pour le croyant bien le chemin, la parole, la vérité, la vie. . .